Nous avons le plaisir de vous présenter la première exposition de Musquiqui Chihying à Paris, On the Faience of Your Eyes.
L'exposition présente de nouvelles œuvres multimédias. Principalement, des installations et de l'art NFT qui incluent des recherches critiques sur l’approche et la présentation des collections dans les musées. Musquiqui Chihying explore la manière-même d’exposer une œuvre, quel que soit son mode d’acquisition ; pillage, achat ou don, il forme le système de connaissances d'Autrui.
On the Faience of Your Eyes s'appuie sur deux expositions historiques d’objets orientaux dans des musées occidentaux.
La première exposition a eu lieu en 1929 à l'Akademie der Künste qui se situe à la Pariser Platz à Berlin. Elle a duré plus de deux mois et a exposé plus de mille objets, ce qui en fait la pionnière concernant les collections d’œuvres provenant de Chine. La deuxième exposition a eu lieu au Château de Fontainebleau. Des objets d’art provenant de Chine, du Japon, du Cambodge, de Corée, et du Tibet sont exposés dans le Musée chinois et dans le salon de l’Impératrice Eugénie depuis 19ème siècle. Qu'il s'agisse de pillage de guerre, de don ou d'acquisition, ces deux expositions reflètent qu'Autrui apporte son imaginaire, personnel ou collectif, d’un ailleurs aux objets exposés. Tirant son titre du célèbre poème “Vase de Chine” de Victor Hugo, et suivant l'approche littéraire de l'écrivain consistant à anthropomorphiser les objets exotiques, l'exposition tente de déconstruire le regard qui constitue en partie l’idéologie coloniale et l’exotisme.
Ⅰ. The Phantasmagoria
Le nom de l’œuvre The Phantasmagoria est tiré d'un article du même nom paru dans la revue artistique allemande “Ostasiatische Zeitschrift” en 1929, à la suite de la visite de l'écrivain britannique Francis Ayscough à l’exposition à l'Académie des arts de Berlin. Dans ce court essai expérimental, l'auteur imagine ces objets venus d'ailleurs se parler et chanter à minuit. Cette œuvre combine les descriptions abstraites de la forme et du temps données par les objets de l'article et tente de construire algorithmiquement un scénario se faisant l’adaptation du chant de ces objets.
Ⅱ. The Vitrine
Le Musée chinois du château de Fontainebleau a été fondé en 1867 et sa collection a été en grande partie pillée par les Britanniques et les Français après la guerre de l'opium.
En prenant cet événement comme point de départ, la collection peut être divisée en trois expériences visuelles distinctes. Tout d'abord, la première se réfère à l’époque précédent l’invasion, lorsque les missionnaires ont introduit les techniques occidentales de "Perspective Linéaire" à la cour Qing ; un point de rencontre important entre les concepts visuels orientaux et occidentaux.
Par la suite, à l’ère post-invasion, des objets ont été pillés en Europe et certains d'entre eux ont été délibérément adaptés par les membres de la cour française pour incorporer des styles artistiques occidentaux. Cette re-création "pastiche" a dépouillé les objets de leur fonction stylistique originale et les a projetés dans une lumière nettement hégémonique.
Par ailleurs, le vol du musée le 1er mars 2015 marque le troisième tournant, et celui-ci, dans le contexte contemporain.
L'exposition d'objets pillés pendant la période coloniale connaît un changement de sens important dans le contexte politique et idéologique international actuel, mettant en évidence les problèmes sociétaux fondamentaux des musées occidentaux. La multiplication des vols et des "pas vu" de collections, au cours des dernières années, laisse entrevoir un vaste réseau d'implication politique et de transactions en sous-main.
En transformant l'espace d'exposition en scène de vol, “The Vitrine” fait non seulement le lien avec l'histoire, mais répond également à la suggestion des commissaires, Ariella Azoulay et Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, de faire des "musées des scènes de crime", une nouvelle façon de voir les musées.
Ⅲ. The Shelf
“The Shelf“ représente, en proportion égale, quinze objets exposés au Musée chinois du château de Fontainebleau. Les yeux caricaturaux sur ces objets sont tirés d'une affiche d'une exposition de 1929 à l'Académie des Beaux-Arts de Berlin, qui mettait l'accent sur la forme des yeux des objets pour les faire paraître vivants ; ce qui a peut-être inspiré Francis à anthropomorphiser les objets dans ses écrits. En outre, le cadrage irrégulier de cette œuvre met en évidence l'utilisation des étagères d'exposition du musée comme support des objets.
Correspondant à l'armoire de présentation, ces deux œuvres tentent de présenter la possibilité de la manière même d’exposer une œuvre comme une technique de construction idéologique.
Ⅳ. The Looty
Une autre œuvre qui s’appelle The Looty.
Un lion et un singe en peluche sont tombés amoureux. Cependant, le lion était trop gros, alors il s'est tourné vers le Bouddha. Le Bouddha a ensuite donné au lion la taille d'un singe en peluche, ce qui en fait l'ancêtre du Pékinois.
Le nom de cette œuvre provient d'un caniche qui a été pillé en Occident par les Britanniques et les Français après la guerre de l'opium. Le nom d'origine du chien n'est pas connu, mais le nouveau nom que lui a donné la Couronne britannique reflète bien sa situation politique contradictoire: trophée pillé et survivant du désastre.
L'œuvre est créée selon son image. En plus de la commémoration de l'événement, c'est aussi une manière de repenser la façon dont les nouvelles technologies modifient les formes de collecte et de transmission des images.
Infos pratiques
11h-19h
Gratuit
0951990281