3h58. Une chambre mansardée. Murs en briques grises. Une fenêtre. Zed s’affale dans son lit, plaque son visage dans un coussin, puis relève la tête. Des écouteurs à ses oreilles, des cheveux en pétard, roses, verts ou bleus, du fard à paupières rose, vert ou bleu, un gros trait d’eyeliner, de longs faux-ongles noirs. Zed scrolle sur son smartphone.
Le trigger warning, pratique répandue dans les réseaux sociaux et les médias féministes, consiste en un avertissement écrit prévenant qu’un contenu (œuvre, article, post, vidéo) peut contenir des éléments susceptibles de déclencher ou réactiver un traumatisme psychologique à une personne.
Texte Marcos Caramés-Blanco
Mise en scène Maëlle Dequiedt
Avec Lucas Faulong, Orane Lemâle
Création costume Noé Quilichini
Création lumière Laurine Chalon
Création son Joris Castelli
Création vidéo Grégory Bohnenblust
Scénographie Coline Gaufillet, Rachel Testard
À partir de 13 ans
NOTE D’INTENTION
« Une partition sensorielle, plastique, qui suit la mécanique des réseaux sociaux en faisant descendre sur la page et prononcer à l’oral chacun des éléments apparaissant sur l’écran allumé, comme autant de fictions contenues entre les mains de Zed. Une partition qui utilise aussi, au sein du texte, de la musique contemporaine préexistante pour saisir un endroit de l’espace mental du personnage. Une partition pour différentes voix mais un seul corps et un seul objet, un seul corps qui se confond dans l’objet, qui tombe lorsque l’objet tombe, rayonne lorsqu’il s’éclaire.
Car sous la matière épaisse du bloc qui forme la langue, il y a le personnage de Zed, et la fiction dont elle est le cœur, et qui se joue entièrement dans ses doigts, dans les gestes de swipe, clique et verrouillage. Ce n’est pas simplement une expérimentation formelle, mais aussi le déploiement d’un personnage et de son corps, son récit – une tentative de travailler à la fois l’expérience poétique d’un côté, mais aussi l’incarnation, la pure fiction situationnelle. » – Marcos Caramés-Blanco
EXTRAIT
En haut de l’écran, la croix est à droite pour fermer l’appareil photo, un écrou sur la gauche pour les réglages, l’éclair du flash est au centre, barré, un ensemble de pictogrammes orne le côté gauche, et sur tout le reste de l’image, le visage, qui comble l’espace du plan, desserré, laissant désormais apparaître le cou et les épaules, au-dessus du rond central blanc cerclé de blanc clic long rond central le rond central s’emplit progressivement de rouge.
Long silence.
Wesh c’est Zed. (Zed soupire.) J’arrive pas à dormir. (Silence.) Vous aussi quand vous arrivez pas à dormir vous savez plus qui vous êtes ? (Silence.) Je sais pas.
lâche rond central sur l’écran, la vidéo se répète Wesh c’est Zed. (Soupir.) J’arrive pas à dormir. (Silence.) Vous aussi quand vous arrivez pas à dormir vous savez plus qui vous êtes ? – clique Envoyer à clique Votre story clique Terminer / Story publiée ! HOW DO I BREAK YOU BEFORE YOU BREAK ME? (…)
Retrouvez le teaser : https://urlz.fr/iv1r
Retrouvez la playlist du spectacle : https://urlz.fr/iv1p
©Émile Zeizig
Production ENSATT
Production déléguée Cie La Phenomena
Créé le 6 avril 2021, Théâtre Laurent Terzieff, ENSATT, Lyon
Le texte a été sélectionné par les comités de Jeunes Textes en Liberté, ALT et le POCHE-GVE. Des extraits sont publiés dans les revues Parages 12 et dans Théâtre/Public.
Infos pratiques
20h
6€ plein tarif / 4€ tarif réduit / entrée libre avec la carte to
01 42 55 55 50